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Intégrer une école d’art. Une décision à ne pas prendre à la légère tant il est de plus en plus compliqué d’y entrer notamment à cause du nombre de candidatures. Un réel engouement, mais qui nécessite de faire les bons choix rapidement. Décryptage.

 

Ligne de départ

 

MANAA/classe prépa, c’est la même chose ?

Face au nombre croissant de candidats, les places sont forcément de plus en plus compliquées à décrocher. Si les écoles d’art recrutent après le Bac, un temps de préparation se révèle souvent nécessaire pour réussir les concours, notamment ceux disposant d’un statut national. Mais tout d’abord, faisons la différence entre MANAA et Prépas.

Comme nous l’avons déjà évoqué plus largement dans cet article, la MANAA prépare à l’entrée aux formations de type BTS ou DMA et elle est destinée aux étudiants ne disposant pas d’un Bac artistique. La MANAA est alors une étape obligatoire. Les classes prépas sont volontairement généralistes et plus orientées vers les concours d’entrée aux écoles supérieures d’art. L’entrée en classe prépa donne lieu à des épreuves d’admission avec entretiens et travaux artistiques. La sélection en MANAA se base sur le dossier scolaire et un entretien. Les classes prépas aident les élèves à la construction de leur langage artistique et au développement de leur personnalité. La créativité des élèves est au cœur de l’enseignement. En MANAA, les élèves sont guidées vers l’acquisition des moyens techniques et des outils, le tout appliqué à des réalisations commanditées par un responsable de projet.

 

La MANAA, une période de transition 

Cette mise à niveau est possible généralement dans les lycées publics ou établissements privés (sous contrat ou non). Notez alors que, dans le dernier cas, la scolarité y sera payante et les tarifs variables.

L’enseignement est principalement tourné vers les arts (27 heures/semaine), mais compte tout de même 6 heures d’enseignement général, soit un total de 33 heures/semaine. Cela permet d’obtenir les bases techniques artistiques (dessin, perspective, couleur…) pour la suite des études, mais aussi de découvrir les nombreuses disciplines des arts appliquées et du design. Une année au rythme soutenu, mais d’une grande richesse qui permet aux étudiants d’en apprendre plus sur eux et leurs projets professionnels.

Cette MANAA est une rupture avec le monde du lycée. Dorénavant, il est demandé aux jeunes gens d’être bien plus autonomes et responsables. Ils vont donc devoir faire preuve d’organisation et d’anticipation, car ils peuvent avoir plusieurs projets en cours dans le même laps de temps.

La curiosité et la motivation seront utiles tant pour être retenue en MANAA que pour l’année de cours en elle-même. Expositions, lectures, rencontres avec des artistes, expérimentations… autant de choses qui permettent d’enrichir ses connaissances et sa technique. Même s’ils sont guidés par les enseignants et intervenants extérieurs, c’est bien aux étudiants de se prendre en main en faisant de la veille artistique.

Il faudra aussi apprendre à travailler en groupe. Les profils des étudiants sont différents ainsi que leur niveau technique. Il faut donc savoir composer avec et plancher sur des choses totalement nouvelles. Être présent et actif en cours sont aussi recommandés, car les intervenants et enseignants peuvent partager leurs expériences. Donc l’école buissonnière et la sieste au fond de la classe contre le radiateur ne sont pas recommandées.

À l’issue de cette année, les étudiants peuvent alors se présenter pour deux années de BTS ou de DMA puis selon le projet, en DSAA.

 

Portes alignées
Choisir la « bonne porte d’entrée artistique».

 

Cap vers les grandes écoles

Passons aux classes préparatoires artistiques. Comme le nom l’indique, ces sections préparent les étudiants aux concours d’entrée des écoles nationales les plus prisées, mais aussi celles en région ou à l’étranger. Les classes préparatoires sont ouvertes à tous les Baccalauréats (généraux, professionnels, technologiques, avec ou sans option art).

En plus de se former à différentes disciplines, les candidats aux écoles d’art apprendront véritablement à se constituer un book (ou dossier artistique, portfolio). Ces classes proposent un enseignement à temps complet (entre 25 et 35 heures par semaine) ainsi que des temps dédiés au travail autonome, le tout sur « une année ». Cette dernière est aussi organisée de façon à libérer les étudiants durant la période de concours des grandes écoles (de mars à juin) et donc les 7 mois environ de prépa sont intenses. Les concours des écoles supérieures arrivent rapidement, alors autant être assidus dès le début de la prépa.

Le passage en prépa n’est pas obligatoire, mais fortement conseillé quoi qu’en disent certains. Le pourcentage de réussite à un concours d’entrée d’une école supérieure d’art est alors amélioré avec souvent la possibilité de choisir entre plusieurs écoles que l’on a réussies. Cela permet également d’affiner son orientation artistique et de recevoir des conseils dans le choix de son école.

Il faut aussi savoir qu’il n’existe pas d’équivalence avec la Fac, car les classes prépas ne sont pas diplômantes. À la différence avec celles de Math Sup par exemple. Ces dernières offrent la possibilité d’une double inscription, permettant en fin d’année, par commission d’équivalence, de valider une 1re année à l’université dans le cursus choisi par l’étudiant. Mais plus tard, lors de ses études supérieures, les diplômes d’art ouvriront à l’étudiant des équivalences avec des cursus universitaires. Les classes prépas ne sont pas non plus une formation professionnelle, mais elles y préparent.

Pour s’inscrire dans un établissement public, l’étudiant devra tout d’abord se renseigner sur les formalités propres à chaque école proposant une prépa. Ainsi, il pourra télécharger et remplir un dossier d’inscription. C’est le cas des prépas membres de l’APPEA (Association nationale des classes Préparatoires Publiques aux Ecoles supérieures d’Art). On en compte une quinzaine en France. Pour d’autres classes prépas, il faut passer par le site Admission Post-Bac (APB).

Lorsque vous en choisissez une, vérifiez qu’elle prépare bien au type d’école que vous ciblez ensuite. En effet, les prépas peuvent avoir différentes orientations (animation, jeu vidéo ou encore architectures).

Les étudiants devront se constituer un dossier artistique qui sera étudié par l’école préparatoire. S’ils sont retenus après cette première sélection, les candidats devront là aussi présenter ce book devant un jury. Les candidatures sont nombreuses… Sérieux, motivation et organisation seront demandés lors de cet entretien qui permettra également de cerner la personnalité des étudiants. Certaines écoles rajoutent une épreuve écrite et/ou plastique.

Les prépas publiques sont financièrement plus intéressantes (moins de 1 000 euros l’année en général) ce qui explique aussi qu’elles soient très convoitées. Les tarifs dépendent des écoles et du profil du candidat.

Le privé propose également des prépas. Elles sont d’ailleurs plus nombreuses. Les tarifs ne sont alors pas les mêmes (5 fois plus élevés). Il convient de vérifier si l’établissement privé propose uniquement des prépas ou si un cursus complet est possible. Si les tarifs de cours sont bien plus élevés que dans le public, la sélection est toute aussi réelle. Ce n’est pas parce qu’un élève est pris dans la prépa qu’il est assuré de pouvoir continuer son cursus dans le même établissement. Une sélection s’opère aussi en fin de première année.

Bien que le Bac soit obligatoire pour les études supérieures, les classes prépas et les écoles supérieures d’art peuvent accorder des dérogations. Néanmoins, le candidat devra faire preuve d’un niveau suffisant de culture générale et d’une très grande motivation. Bref, mieux vaut avoir son Bac. Une chose de moins à penser par la suite !

 

Le Penseur de Rodin
Une opinion à exprimer, Mr le Penseur ?

 

Pour les concours des écoles supérieures, il est conseillé d’en présenter plusieurs, mais pas uniquement les grandes écoles nationales réputées. Pensez aux écoles régionales ou encore à l’étranger (Suisse, Angleterre ou Belgique par exemple).

Les concours de ces écoles sont propres à chacune d’entre elles, mais les épreuves peuvent être les suivantes :

  • La création à partir d’un sujet imposé qui est publié sur le site de l’école et à préparer chez soi tout en respectant un délai de production. Cette épreuve est souvent une première sélection éliminatoire.
  • Une épreuve pratique de création dans le cadre de l’école avec entretien pour présenter et défendre le travail qui vient d’être fait.
  • Une séance d’analyse à partir d’une œuvre fournie.
  • Un test de culture générale.
  • Un examen de langue étrangère.
  • Un entretien avec un jury qui se base sur le book et la lettre de motivation du candidat.

 

Encore une fois, prouver sa motivation est important, car l’étudiant s’engage d’un cursus de plusieurs années. Le jury doit sentir que le candidat dispose d’un réel potentiel évolutif. Autres critères sur lesquels reposent les classes prépas : la curiosité, l’ouverture au monde environnant, la distance critique et forcément, la qualité du travail proposé lors de l’entretien et par la suite.

Les cursus des écoles supérieures d’art sont organisés en deux cycles. Les 3 premières années préparent à un niveau Bac+3 puis deux années supplémentaires pour un niveau Bac+5

Les portes ouvertes sont aussi une solution pour se décider, pour s’orienter. Cela permet aux jeunes artistes en herbe de rencontrer enseignants et élèves de ces différents établissements.

Réussir son Book, la deuxième partie de cet article hors série, c’est par ici !

Apprenez les bases du dessin correctement avant votre entrée en école d’art :

Toutes les grandes écoles demandent un dossier en béton. Si vous n’êtes pas certain d’avoir de bonnes bases, c’est le moment ou jamais.