Le Moyen-Âge

Passons maintenant à cette longue période qu’est le Moyen Âge. Ce dernier s’étale du 5e siècle au début du 15e.  Dès le 3e siècle, l’empire romain connut des turbulences de plus en plus importantes qui allaient  amener à l’instauration de deux empires: l’Empire romain d’Occident et l’Empire romain d’Orient.

L’Empire romain d’Occident disparut en 476 alors que l’Empire romain d’Orient dura encore 1000 ans, jusqu’à la chute de Constantinople, prise par les Ottomans en 1453.

 

Art Byzantin

Capitale de l’Empire Romain d’Orient, Constantinople fut construite sur les ruines de Byzance, ancienne cité grecque.  Déclarée “Nouvelle Rome” en 330, Constantinople fut également la capitale artistique jusqu’à sa chute; art grec et romain s’y mélangèrent.

Assurant une transition avec l’Antiquité, le premier art byzantin naquit durant le règne du fondateur de Constantinople, l’empereur romain Constantin 1er (4eme siècle) et atteignit son zénith sous le règne  de Justinien 1er au 6e siècle. Faisant preuve d’un certain conservatisme, ce premier art byzantin était un mélange de traditions orientales, romaines et chrétiennes.

Dès l’an 313, le culte chrétien fut autorisé suite à l’Edit de Milan puis le christianisme devint la religion officielle de l’Empire en 392. Ainsi, les thèmes artistiques de ce premier art tournent autour de l’Empire et de la religion. Pas franchement étonnant quand on sait que les seuls capables de passer une commande importante et de la payer étaient l’Empereur et L’Eglise. Les églises étaient d’ailleurs largement décorées de fresques. Celles-ci étaient réalisées sur un mélange frais de chaux et de sable afin que cet enduit et la peinture ne fassent plus qu’un en séchant et durcissant. L’artiste devait donc faire ses retouches en moins d’une journée.

Du règne de Justinien 1er, on retrouve aussi des peintures sur bois réalisées à l’encaustique; œuvres très fragiles, rares sont celles qui ont traversé les siècles.

 

Peinture sur bois intitulée "Vierge et l'Enfant" au Monastère Sainte-Catherine du Sinaï
Vierge et l’Enfant, 5eme siècle, Monastère Sainte-Catherine du Sinaï

 

Justinien 1er lança un important programme de construction afin que le pouvoir impérial soit visible de tous à tout moment dans ces édifices d’Orient ou d’occident reconquis. On peut citer la Basilique San Vitale de Ravenne en Italie, qui contient les mosaïques les plus célèbres de tout l’art byzantin. Elles constituent une réelle manifestation de la puissance impériale byzantine et de la religion.

 

Mosaïques de l’abside, Saint Apollinaire
Saint Apollinaire. Mosaïques de l’abside

 

Peinture représentant L'empereur Justinien et sa cour
L’empereur Justinien et sa cour

 

Après son règne, l’Empire connut une période de déclin et beaucoup de territoires reconquis furent envahis et perdus. Puis au 8eme siècle, des crises iconoclastes commencèrent à avoir lieu sous le règne de Léon III (de 717 à 741) puis à nouveau sous Léon IV (813 à 820) et Théophile (829-842).

Le culte des images (ou icônes) s’était beaucoup développé à Constantinople et Léon III déclencha en 726 le premier iconoclaste lorsqu’il fit détruire l’image du Christ située au-dessus de la porte du palais impérial tout en exigeant l’exécution de ceux qui s’y opposeraient. L’interdiction des images religieuses s’appliqua ensuite à l’ensemble de l’Empire en 730. Les artistes durent alors utiliser la faune et la flore comme thèmes ornementaux pour les édifices religieux, mais ces décorations ont aujourd’hui disparu. La représentation des icônes répondaient à des règles strictes: trait visible, réalisme exclu, fond en or et thème religieux.

Le fils de Léon III, Constantin V, poursuivit la politique de répression de son père. Puis il y eut une quarantaine d’années d’accalmie avant une reprise de l’iconoclasme, limité à Constantinople. L’impératrice régente Théorora mit fin à l’iconoclasme en 843 après le décès de son époux Théophile. Cette période iconoclaste est assez pauvre en production artistique mais a profité à l’orfèvrerie et aux tapisseries qui ont pu se développer.

Avec le rétablissement du culte des images, une période de transition commença alors jusqu’à la renaissance macédonienne (867 à 1056). L’Empire byzantin était alors à son apogée et  l’art religieux recommença à se développer. Architecture et objets de luxe réapparurent, tout comme l‘enluminure.

En effet, la décoration de livres religieux connut un plein essor durant toute cette renaissance macédonienne alors qu’auparavant elle n’avait que peu de place. Dès le 9e siècle, apparurent même des illustrations pleine page. Bien qu’il soit difficile  de les dater ou d’en déterminer les origines avec précision (influences réciproques entre Empire Byzantin et Occident), il existe encore aujourd’hui des centaines de ces ouvrages mais leur conservation est délicate à cause des techniques de mise en couleur de l’époque; en couches épaisses, la peinture s’écaillait et lorsqu’elle était fine, elle ne tenait pas. Les artistes réalisaient donc des illustrations (en pleine page ou sur une partie), des décorations de marge ou des lettrines ornementales.

Les textes illustrés les plus produits à l’époque étaient les recueils de psaumes monastiques ou aristocratiques (plus grands, plus richement décorés que les premiers mais moins nombreux). On en retrouve un, conservé à la Bibliothèque nationale de France: le Psautier de Paris. D’origine byzantine, il date de la moitié du 10eme siècle.

 

Peinture représentant Le Psautier de Paris
Le Psautier de Paris

 

Peinture représentant Le Psautier de Paris
Le Psautier de Paris

 

Les artistes s’inspiraient alors des décorations antiques des civilisations romaine et grecque mais aussi de l’art islamique pour les décors zoomorphes ou les ornementations. Vers la fin du 10eme siècle, les enlumineurs allaient prendre du recul vis-à-vis de l’antiquité. Les fonds dorés se multiplièrent comme les motifs ornementaux;  ornements et scènes figuratives furent associés à de nombreuses miniatures, décorations de marges ou lettrines. Jusqu’au 11eme siècle, les ouvrages scientifiques antiques furent recopiés (comme le manuel de géographie de Ptolémée)

Une deuxième renaissance eut lieu sous la dynastie Comnène (débutant deuxième moitié du 11eme siècle et jusqu’à la prise de Constantinople par les Croisés en 1204). Cette renaissance resta dans la lignée de la précédente, avec une architecture qui se développa encore. Comme sous les macédoniens, la peinture d’images saintes sur panneaux de bois perdura avec notamment la “Vierge de Vladimir” (datant du début du 12eme).

La production d’images avait pu reprendre en 843. Les premières avaient été réalisées dans un style  assez strict, qui devint plus libre durant cette deuxième renaissance. Les régions orthodoxes du monde et notamment la Russie continuèrent à développer l’iconographie.

 

Œuvre intitulée “Vierge de Vladimir”
“Vierge de Vladimir”, début du 12eme

 

Les manuscrits les plus connus de cette période sont ceux du moine Jacques de Kokkinobaphos avec ses 6 homélies consacrées à la Vierge. Le texte fut retranscrit dans deux manuscrits largement illustrés que l’on retrouve à la Bibliothèque du Vatican (manuscrit daté des années 1140) et à la Bibliothèque nationale de France (manuscrit daté des années 1150).

 

Peinture murale intitulée “Homélies à la Vierge”
“Homélies à la Vierge”, Jacques de Kokkinobaphos, L’Ascension et la Parousie

 

En 1204, Constantinople tomba aux mains des Croisés qui l’occupèrent jusqu’en 1261. Il s’agit d’une parenthèse latine. La ville fut mise à sac et l’art connut un recul certain dans la capitale. Sauf rares exceptions, il n’y eut plus de nouvelles constructions religieuses. On retrouve des influences occidentales dans les peintures des icônes (tenues des chevaliers et blasons) bien que les scènes représentées restent dans la tradition de l’Empire.  La production de manuscrits fut également assez faible, mélangeant également traditions latines et byzantines. L’influence inverse est également vraie car à cette époque,  arrivèrent en Europe occidentale des composantes byzantines qui allaient influencer les années de pré-renaissance italienne.

 

Tétraévangile illustré gréco-latin
Tétraévangile illustré gréco-latin, deuxième moitié du 13e siècle

 

Le dernier chapitre de L’Empire byzantin débute lorsque Michel VIII reprit Constantinople aux Croisés en 1261 (début de la dynastie des Paléologues) et s’étend jusqu’à la chute de cette même ville conquise par les Ottomans en 1453. Cette troisième renaissance artistique de l’art byzantin sera néanmoins limitée et contrariée par la perte de territoires de l’Empire sans oublier l’instabilité politique. Contrairement à la peinture ou à la littérature, l’architecture ne connut pas de véritable renouveau.

Les artistes proposèrent des compositions religieuses qui s’enrichirent de personnages secondaires, d’accessoires, d’édifices ou des scènes du quotidien. Ce genre de représentations s’imposa tout d’abord avant que des œuvres épurées mais spirituelles ne reprennent le dessus. Selon l’historien français du 19e siècle et spécialiste d’art byzantin, Charles Bayet, les empereurs de la dynastie des Paléologues ont su protéger leur art en embellissant les édifices, avec notamment les mosaïques.

Mais cela ne supporte pas la comparaison avec ce qui  avait été fait  au 9e et 10e siècle. L’historien considère même que le dessin avait perdu en qualité au final.

Néanmoins, l’art byzantin, qui s’était déjà exporté, survécut encore trois siècles après la chute de Constantinople en 1453, notamment en Turquie, Grèce, Roumanie et surtout en Russie. Mais pas en occident, qui lui connaîtra la Renaissance.

 

Pour la 4ème partie de notre panorama artistique, nous évoquerons l’art anglo-saxon et l’art roman

 

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