Introduction

Apparu quelques années avant la Première Guerre mondiale, ce style artistique se caractérisa par une vision émotionnelle et personnelle du monde. Les artistes cherchaient notamment à confronter les spectateurs à l’image intime et brutale de leur état psychique. L’expressionnisme se définit principalement par la déformation de la ligne, une simplification radicale des détails, des couleurs agressives et une réinterprétation de la notion de beauté. Marqué par le travail de Van Gogh, ce mouvement ne voulait pas montrer le monde tel qu’il était, mais l’exprimer.

Ce courant artistique était lié à l’atmosphère lourde précédant la Première Guerre et il se poursuivit bien après également.

Au sens plus large, l’expressionnisme désigne alors toute tendance à l’exagération des expressions et cela sans distinction de périodes ou de civilisations.

Ce courant artistique se manifesta donc avant la Première Guerre mondiale et plus précisément en Allemagne et dans ses régions proches. Il faut noter qu’il n’y eut jamais de mouvement s’autoproclamant vraiment « expressionnisme ». Une des premières fois que le terme « expressionnisme » allait être utilisé, ce fut par l’artiste Herwarth Walden en 1912. Par la suite, le terme fut repris pour désigner tout courant artistique moderne et novateur contestant les traditions académiques. Dès 1914, un certain nombre de sculpteurs et de peintres allemands furent regroupés sous cette appellation. Ce fut le cas de Pechstein, Kirchner, Rottluff, Kandinsky ou encore Heckel qui pratiquèrent tous un art ayant les caractéristiques citées plus haut.

L’expressionnisme se définit davantage par l’attitude et l’état d’esprit de l’artiste que par un style précis. L’interaction avec le spectateur est recherchée avant tout.

Cet art fut plus tard condamné par le régime nazi. Ce dernier considérait ce courant comme un « art dégénéré ».

 

Les prémices du mouvement expressionniste 

Différents artistes européens contribuèrent petit à petit à l’émergence du mouvement expressionniste avant qu’il devienne tel qu’on le connaît de nos jours: Munch, Van Gogh et Ensor furent de ces artistes. Leurs œuvres inspirèrent les peintres aujourd’hui présentés comme expressionnistes.

Tout d’abord, l’artiste James Ensor. Vers 1880, le belge s’orienta vers la caricature et le saugrenu. Ainsi, il réalisa en 1888-89 « L’Entrée du Christ à Bruxelles ». Comme son nom l’indique, cette immense toile représente ce que serait l’arrivée du Christ dans la ville de Bruxelles de son époque, le tout dans une atmosphère de kermesse et de 1er mai.

 

tableau intitulé « L’entrée du christ à Bruxelles » de  James Ensor
« L’entrée du christ à Bruxelles », James Ensor, 1888-89

 

Van Gogh chercha à déformer les lignes et les couleurs du réel. La modification des couleurs et des lignes  lui permit de coucher sur toile ses différents tourments et engagements. On peut citer « Les mangeurs de pommes de terre », huile réalisée en 1885. L’œuvre, très sombre, s’adressait spécialement aux citadins, bien souvent ignorants des conditions de vie à la campagne.

« Champ de blé aux corbeaux », qui est souvent présentée comme son ultime œuvre, reflète aussi en partie l’état d’esprit du peintre. On y retrouve un ciel foncé et menaçant, trois chemins allant dans différentes directions et des corbeaux noirs, symboles de mort.

 

tableau intitulé « Les Mangeurs de pommes de terre » de  Vincent Van Gogh
« Les Mangeurs de pommes de terre », Vincent Van Gogh, 1885

 

tableau intitulé « Champ de blé aux corbeaux » de Vincent Van Gogh
« Champ de blé aux corbeaux », Vincent Van Gogh, 1890

 

Enfin, Edvard Munch, avec son œuvre « Le Cri », entre aussi dans la catégorie des artistes précurseurs de l’expressionnisme. Dans cette peinture, considérée comme sa plus importante, Munch représenta l’homme moderne emporté par une crise d’angoisse existentielle; tableau que Munch déclina en 5 versions.

 

tableau intitulé « Le Cri » de Edvard Munch
« Le Cri », Edvard Munch, 1893

 

Pour ces 3 artistes, les œuvres sont indissociables de l’expérience de vie. Tous les 3 durent faire face à de sérieuses difficultés dans leur existence et ils immortalisèrent leur souffrance par le biais de ces peintures.

Notons que bien que l’art européen fût encore sous l’influence du réalisme de Courbet et qu’il connût une transition avec l’impressionnisme, les précurseurs de l’expressionnisme  purent profiter des techniques nouvelles proposées par l’arrivée de l’impressionnisme.

D’autre part, malgré le fait que la photographie se perfectionnât (modifiant du même coup le rapport de l’art à la réalité), l’expressionnisme allait tout de même réussir à éclore: l’art pictural n’était plus la méthode privilégiée pour reproduire objectivement la réalité; ainsi, son aspect subjectif se vit renforcé et permit à la peinture de dépasser certaines normes.

 

L’Allemagne comme bastion

Fin 19e, début 20e siècle, le contexte artistique allemand était complexe. Certains, comme Corinth ou Liebermann, utilisaient encore des effets impressionnistes et une partie des jeunes artistes rejetaient le symbolisme, jugé trop lourd. Cette même jeune génération préférait se pencher sur le style postromantique de Von Marées et de Böcklin.

Les peintures du 15e et du 16e siècle, comme celles de Grünewald et Dürer, revenaient au goût du jour ainsi que les techniques de gravure sur bois; des pratiques auxquelles allaient s’essayer avec succès des artistes étrangers comme Munch, Cézanne ou Van Gogh. Ces succès accélérèrent l’évolution artistique.

Ainsi en 1905 fut fondé à Dresde le groupe Die Brücke (le Pont), un des premiers groupes de peintres expressionnistes allemands. Ses membres furent tout d’abord Kirchner, Heckel, Rottluff et Bleyl. D’autres arrivèrent ensuite comme Pechstein, Nolde, Mueller et Van Dongen qui lui fit l’intermédiaire avec les artistes français. Ce groupe voulait faire table rase du passé et se défaire des vieilles conventions.

Un des fondateurs du groupe considérait qu’il ne fallait pas s’imposer de règles et que l’inspiration devait demeurer libre. Ainsi, l’immédiateté de l’expression propre à chacun des artistes était conservée, encourageant un dessin rapide, des couleurs vives, pures (ou presque) ainsi que fortement opposées. Le contenu devenait donc plus important que la forme. Ce groupe proposait des lignes pouvant être tourmentées et il avait une réelle préférence pour le nu.

Avec cette vision anticonformiste pour l’époque, les critiques conservatrices s’en donnèrent à cœur joie contre le groupe en accusant ses membres d’être un danger pour la jeunesse allemande.

En 1911, le groupe quitta Dresde pour Berlin. Les artistes bénéficièrent d’un meilleur accueil que précédemment. C’est d’ailleurs peut-être plus à ce moment-là que la notion d’expressionnisme s’élabora véritablement, avec le bimensuel « Der Sturm »; fondé en 1910, ce magazine assura la promotion du mouvement et sa défense, tout en généralisant le terme. En effet, le magazine « Der Sturm » qualifia d’”expressionnistes” des œuvres très différentes d’artistes internationaux; le terme “expressionnisme” engloba alors en Allemagne les différentes nouvelles tendances internationales.

 

tableau intitulé « Les 3 baigneuses » de Ernst Ludwig Kirchner
« Les 3 baigneuses », Ernst Ludwig Kirchner, 1913

 

Die Brücke (le Pont) fut comparé au fauvisme notamment, car ces deux mouvements partageaient un intérêt pour l’art primitif. Ces deux courants se rejoignaient sur l’utilisation des couleurs vives et des tons non naturels, pour exprimer de fortes émotions.

Le groupe fut dissous en 1913, après un certain nombre de divergences. Ces dernières furent notamment liées au fait que ses membres avaient des sensibilités très disparates et peut-être incompatibles.

 

tableau intitulé « Liegende auf schwarzem Tuch » de Erich Heckel
« Liegende auf schwarzem Tuch », Erich Heckel, 1911

 

tableau intitulé "Village" de Karl Schmidt-Rottluf
Village, Karl Schmidt-Rottluff, 1910

 

tableau intitulé « Trois nus dans un paysage » de Max Pechstein
« Trois nus dans un paysage », Max Pechstein, 1911

 

En parallèle au groupe Die Brücke, un autre se constitua à Munich entre la fin 1911 et courant 1912: Der blaue Reiter (le cavalier bleu). D’inspiration expressionniste, ce groupe fut fondé par un certain nombre de peintres d’origine russe. Der blaue Reiter organisa deux expositions en 1911 et 1912 et fut pendant un temps à la pointe de ce mouvement. Les représentants principaux de ce groupe furent Marc, Kandinsky et Macke. « Le cavalier bleu » fut fondé suite aux divergences nées dans un précédent groupe, le NKVM (Neue Künstlervereinigung München). Ce dernier regroupait des artistes ayant des visions totalement opposées: certains étaient très radicaux dans leur besoin d’innovation et d’autres, bien plus tempérés. D’ailleurs, NKVM avait comme président Kandinsky qui démissionna en 1911 et eut l’idée avec Marc de fonder « Le cavalier bleu ».

 

« Le renouveau ne doit pas être seulement celui des formes,

mais être une nouvelle naissance de la pensée ».

 

Si avec Marc, Kandinsky menait ce projet de « cavalier bleu » en secret, le groupe devint une réalité lorsqu’une de ses peintures fut  refusée par le comité d’organisation de l’exposition de la NKVM.

Après une première exposition préparée dans l’urgence (afin qu’elle se déroule en même temps que celle de la NKVM), Kandinsky, Marc et ceux qui les avaient rejoints s’organisèrent réellement. Ils renommèrent leurs expositions « Exposition du comité éditorial du Cavalier bleu ». La première parcourut l’Allemagne ainsi que l’Europe durant 2 ans (entre 1912 et 1914). Une autre se déroula à Munich en 1912, regroupant plus de 300 œuvres internationales, dont certaines venaient du groupe Die Brücke.

Par cette action, le groupe du « Cavalier bleu » contribua à l’émergence de l’art moderne en Allemagne. Malheureusement, ce groupe fut victime du début de la Première Guerre mondiale, c’est le moins que l’on puisse dire. Citons Marc qui se porta volontaire sur le front. Il continua son travail créatif par le biais d’un petit carnet, mais un éclat d’obus le tua lors d’une mission de reconnaissance à Braquis, près de Verdun. Macke fut, lui, tué sur le champ de bataille. L’autre personnage important de ce groupe, Kandinsky, se réfugia en Suisse puis rentra dans son pays (la Russie).

Ce groupe avait réalisé un almanach et en aurait fait d’autres sans le début de cette guerre. Mais de cet unique almanach, il ressort une unité artistique. Les approches artistiques et les objectifs variaient d’un artiste à l’autre, cependant les membres du groupe avaient des points communs:  un désir d’exprimer des vérités spirituelles à travers leur art ainsi qu’une réelle volonté de ne pas s’enfermer dans un système particulier et d’être capable d’étendre leurs techniques au maximum.

 

tableau intitulé « Le cavalier » de Kandinsky
« Le cavalier », Kandinsky, 1911

 

Kandinsky rédigea aussi un ouvrage intitulé « Du spirituel dans l’art et dans la peinture en particulier ». Il y développa sa vision personnelle de l’art « dont l’objectif est avant tout spirituel ». Les écrits de Kandinsky constituent un véritable plaidoyer pour l’art abstrait et la couleur. Il estimait que la couleur pouvait être une réalité à part entière, indépendante de la description d’un objet.

La musique fut aussi une source de réflexion pour ces artistes; musique que Kandinsky considérait comme supérieure à la peinture, car sans l’aide de l’image, elle pouvait générer des sensations, l’œil se révélant alors inférieur à l’oreille. C’est dans l’optique d’obtenir les mêmes sensations qu’avec la musique que ce groupe travailla. D’ailleurs, un certain nombre de musiciens participèrent à l’élaboration de cet almanach.

Les membres du groupe s’intéressèrent à l’art européen médiéval, au primitivisme, ainsi qu’à l’art non figuratif et contemporain en France. À la suite de leurs rencontres avec les idées cubistes, fauves et rayonnistes, les artistes du « Cavalier Bleu »  se tournèrent vers l’abstraction.

Même si ce groupe eut une durée de vie assez brève, il marqua son époque,  ses artistes désirant un renouveau spirituel avec un art sans frontière ni distinction de peuple.

 

tableau intitulé « Le ballet russe »de  Macke
« Le ballet russe », Macke, 1912

 

tableau intitulé « Femme à la veste verte » de Macke
« Femme à la veste verte », Macke, 1913

 

La branche autrichienne

En Autriche, plus précisément à Vienne, l’expressionnisme apparut sous l’impulsion de Gustave Klimt et son groupe de la « Sécession », qui  désiraient se détacher d’une forme artistique passée et dépassée.

Egon Schiele allait  rejoindre Klimt et il n’hésita pas, pour symboliser toute la fragilité de l’être humain, à se représenter nu, mais sans s’embellir. Dans un autoportrait nu debout, il adopte une position caractéristique de l’expressionnisme allemand, à savoir une position la moins naturelle possible: le corps et les membres sont soumis à un mouvement de torsion comme pour exprimer un tourment. Pour renforcer cela, les mains sont volontairement agrandies et le regard reste énigmatique. Difficile de savoir si le regard est absent ou si les paupières sont fermées, comme pour éviter de voir la crise diplomatique qui monte en Europe.

Schiele est, avec Klimt et Kokoschka, une des figures de l’expressionnisme autrichien. Durant son service militaire, il continua ses travaux. Mais en 1918, il fut emporté par la grippe espagnole qui frappait toute l’Europe.

 

Autoportrait nu debout de Egon Schiele
Autoportrait nu debout, Egon Schiele, 1910

 

Période entre deux guerres

La Première Guerre mondiale entraîna la disparition de l’expressionnisme allemand tel qu’il était connu. Certains eurent recours à l’autoportrait, traduisant une prise de conscience douloureuse du monde post guerre. En effet, l’Allemagne était en ruine et connaissait une très grave crise économique. Les villes étaient pleines d’infirmes et de miséreux tentant de survivre.

 

Autoportrait en soldat de Kirchner
Autoportrait en soldat, Kirchner, 1915

 

D’autres artistes se réunirent dans le groupe « Neue Sachlichkeit » (« Nouvelle Réalité »). Dans leurs œuvres,  l’accent est mis sur la revendication sociale et la révolte contre la guerre. C’est le cas notamment dans « Hommage à Oskar Panizza » de George Grosz. Dans cette œuvre, la ville semble emprisonner la population. L’esthétique est proche de celle du futurisme et on remarque que s’en dégage une atmosphère d’émeute et de colère aveugle.

 

tableau intitulé « Hommage à Oskar Panizza » de George Grosz
« Hommage à Oskar Panizza », George Grosz, 1917-1918

 

Citons aussi « La Tranchée » d’Otto Dix. Il représenta la vision atroce d’un carnage dû au déferlement d’une haine gratuite et aveugle. Comme beaucoup d’autres de ses œuvres, « La Tranchée » fut (probablement) détruite par les nazis.

Le « post-expressionnisme » resta fidèle à ses origines; seul l’éclairage psychologique en fut modifié. La critique de certains milieux et leurs influences se substituèrent à la peinture spontanée et inquiète des artistes. Les expressionnistes furent parmi les premiers à comprendre la menace que représentait Hitler et ses idées. D’ailleurs, le leader nazi s’attaqua aux artistes modernes (cf: art dégénéré) dès son arrivée au pouvoir. Leurs œuvres inquiétaient les Allemands et Hitler, car elles montraient la société telle qu’elle était. Elles les renvoyaient à la réalité du quotidien.

Et si Hitler inaugura « l’exposition d’art dégénéré », c’est bien pour les mettre en difficulté et prouver que ces artistes étaient « indignes de vivre ». Ainsi, deux ans plus tard, en 1939, les nazis firent détruire près de 5 000 œuvres. Puis durant la guerre, beaucoup d’artistes quittèrent le pays pour sauver leur vie et prirent en général la direction des États-Unis.

En Belgique, on parle après la première guerre d’un « expressionnisme flamand » avec une première exposition qui eut lieu en 1920. Cette exposition rendit hommage au cubisme et à l’école de Paris, l’expressionnisme flamand leur devant beaucoup. Ce dernier fut davantage un réalisme expressif célébrant les mérites d’un territoire et de sa population. Après 1930, l’expressionnisme fut sur le déclin à cause d’un marché de l’art saturé et d’un retour en force du réalisme.

Au Mexique et au Brésil, les artistes (Riveran Tamayo, Orozco, Portinari, Segall, …) firent comme les Flamands, à savoir ils  se référèrent à leur territoire traditionnel (en mettant en avant leurs origines indiennes). On retrouvait en plus dans leurs œuvres l’aspect social et révolutionnaire. Mais ces artistes étaient principalement des décorateurs plus que des peintres de chevalet.

Au début des années 1920, un expressionnisme moins tourmenté se constitua en France. Ce groupe, mené par les artistes Gromaire, La Patellière et Goerg, proposait un expressionnisme similaire à celui du groupe flamand ou de la « Neue Sachlichkeit » (« Nouvelle Réalité »); similaire, mais pas identique, car en matière d’intensité émotionnelle, l’esprit cartésien français favorisait davantage l’équilibre de la composition plutôt qu’une partie précise d’une œuvre.

Seul Chaïm Soutine (peintre russe vivant en France) fut un expressionniste pur tout au long de sa carrière. Toujours en conflit avec lui-même, à organiser ses idées, ses sentiments, il détruisit beaucoup de ses œuvres. Son exigence était très forte, mais  oscillait toujours entre échec complet ou grande réussite.

 

Période post deuxième guerre mondiale

Entre la crise économique des années 1930 et la Deuxième Guerre mondiale, l’Europe était en ruine et les familles exsangues. Beaucoup d’artistes avaient pris la direction des États-Unis,  pays qui allait prendre le relais avec l’expressionnisme abstrait.

Le continent américain était d’autant plus préparé à prendre la suite que durant la crise des années 30, afin de donner du travail aux artistes, le gouvernement avait mis en place le « Federal Art Project » de 1935 à 1943. Ainsi les artistes étasuniens se virent confier des projets de décoration de lieux publics. La population prit goût aux grands formats qui devinrent une référence de leur peinture. L’exil à New York des artistes européens contribua à faire connaître les tendances du vieux continent.

La génération expressionniste américaine fut alors influencée par le surréalisme pour son côté expérimental, spontané, mais technique. Cette génération se pencha aussi sur Picasso et son talent pour l’expression des sentiments. L’expressionnisme abstrait se développa alors après la guerre jusque dans les années 60, mais ses racines remontaient cela dit à l’entre-deux-guerres.

Parmi les peintres de cette période, on peut citer Pollock qui fut l’initiateur d’une manière peu conventionnelle d’appliquer la peinture sur une surface plane. Ses tableaux étant de très grandes dimensions, il les posait sur le sol et faisait couler la peinture sur le support de diverses façons. Il pouvait verser la peinture puis l’étaler avec un bâton ou une spatule, comme il pouvait la faire gicler du tube ou utiliser une boîte percée.

Cette manière d’appliquer la peinture en la laissant couler est appelée “dripping“. Une autre méthode de Pollock fut le “all over“: l’ensemble de la toile était recouverte d’une grande couche de peinture. Puis il peignait avec tout son corps, chaque geste exprimant son émoi, l’œuvre devenant un témoignage d’un acte spontané de création, venant de l’inconscient. Le critique d’art Harold Rosenberg parla alors d’action painting.

 

tableau intitulé « Number 27 » de Pollock
« Number 27 », Pollock, 1950

 

Si Pollock est certainement l’expressionniste abstrait le plus célèbre, Willem de Kooning et Franz Kline sont généralement reconnus comme les fondateurs de ce mouvement. Avec ses mélanges de matériaux, De Kooning utilisait aussi bien la gouache que le pastel et l’aquarelle. Par son refus de la notion de style, il se plaça à l’avant-garde des artistes de l’époque.

Quant à Kline, il développa un goût pour le noir et blanc avec un côté explosif, proposant de grandes lacérations noires sur la toile.

 

tableau intitulé « Number 2 » de Franz Kline
« Number 2 », Franz Kline, 1954

 

tableau intitulé « East Hampton XXVII » de Willem de Kooning
« East Hampton XXVII », Willem de Kooning, 1968

 

L’expressionnisme abstrait ne fut découvert par les peintres européens qu’à l’occasion de leurs voyages aux États-Unis (New York attirait alors autant que Paris) ou par des reproductions. Si l’expressionnisme perdura en France, c’est grâce à l’action de peintres étrangers résidant dans la capitale. Paul Rebeyrolle fut probablement le seul français à tenter de faire perdurer aussi ce mouvement.

 

tableau intitulé « La pluie et le beau temps » de Paul Rebeyrolle
« La pluie et le beau temps », Paul Rebeyrolle, 1957-1963

 

Vers 1960, on assiste à une saturation du marché de l’abstraction et à l’avènement du nouveau réalisme. Ainsi, de nouvelles tendances purent voir le jour.

Pour notre prochaine fiche, nous nous intéresserons au cubisme, né de la rencontre entre Braque et Picasso.

 

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