Portrait de Paul Cézanne
19 janvier 1839 – 22 octobre 1906

 

Une enfance discrète 

Paul Cézanne est né à Aix-en-Provence en 1839. Ses parents sont Louis Auguste Cézanne et Anne Élisabeth Honorine Aubert. Son père qui est d’origine très modeste, dirige une fabrique de chapeaux, vit un peu en marge de la société aixoise et deviendra par la suite banquier. Les parents de Paul Cézanne se sont rencontrés dans le cadre du travail, car sa mère était ouvrière dans la fabrique de chapeaux.

Reconnu par son père seulement 5 ans après sa naissance, Paul Cézanne fait toutes ses études à Aix-en-Provence. Il y acquiert une importante culture classique et tisse de forts liens d’amitié avec ses camarades de classe, dont un futur grand écrivain: Émile Zola. Ce dernier sera d’ailleurs son principal confident pendant des années.

Paul Cézanne a deux jeunes sœurs. Tout d’abord, Marie, née en 1841, elle aussi hors mariage. Et Rose née en 1854. Leurs parents s’unissent en 1844. Contrairement à d’autres artistes, Paul Cézanne aura eu un cadre de vie relativement posé et aisé durant son enfance.  Ce n’est qu’après avoir obtenu son bac que les premières « complications » commencent véritablement.

 

Une première tentative …

Si son père espérait voir Paul devenir juriste en l’inscrivant à la fac en 1858, la vocation artistique du fils aîné est pourtant déjà bien présente.  En effet, l’année d’avant, Paul avait suivi des cours de dessin dans une école gratuite et songeait déjà à partir pour Paris afin d’y étudier la peinture. En 1859, toujours dans cette école gratuite de dessin d’Aix-en-Provence, Paul Cézanne se distingue en obtenant la deuxième place lors d’un concours (étude taille réelle à l’huile d’une tête d’après modèle vivant).

Son père finit par accéder à sa requête en le laissant abandonner ses études de droit et en finançant un premier séjour à Paris en 1861. Paul y retrouve alors Zola qui était parti en 1858. Son professeur de dessin tente de l’en dissuader, mais le jeune Paul Cézanne gagne tout de même la capitale.  Il rencontrera Guillaumin et Pissarro, mais ratera l’entrée aux Beaux-Arts.  On lui reproche de mal maîtriser la couleur en général. Après cette première escapade et cet échec, il rentrera à Aix-en-Provence et durant une année, il travaillera dans la banque familiale.

 

Le retour à Paris

Un an après son retour à Aix-en-Provence, il repart tenter sa chance à Paris. Cette fois, c’est la bonne, terminées les hésitations, doit-il se dire: Paul Cézanne compte bien devenir peintre et ne pas baisser les bras. Nous sommes en 1862 et il peut compter cette fois sur Joseph Chautard. Dans ses correspondances, Cézanne écrit que Chautard «a la bonté de corriger » ses études et de le conseiller. Chautard est un artiste aixois et Cézanne le voit fréquemment.

Ressemblant par moment à son père, en se tenant un peu à l’écart, Paul Cézanne ne suit pas vraiment le chemin classique, mais respecte l’apprentissage traditionnel. Il se déplace fréquemment entre Paris et Aix-en-Provence. Zola est toujours présent pour le soutenir moralement et financièrement si besoin. En effet, Cézanne sera logé pendant un temps chez la mère d’Émile Zola.

À l’Académie de Charles Suisse où il travaille, Cézanne fait plusieurs rencontres comme Renoir, Monet, Pissarro, Guillaumin …

Ses premiers travaux ne concordent pas avec ceux de son entourage impressionniste, mais il est poussé par la même volonté de réussir et par le besoin de nouveauté.

Le romantisme d’Eugène Delacroix l’interpelle et il immortalise ses obsessions dans ses peintures. Gustave Courbet l’inspirera également pour ses portraits et paysages. L’Académie suisse qu’il a intégrée après avoir raté le concours d’entrée aux Beaux-Arts n’assurant pas de cours, Paul Cézanne est moins précis que ses amis impressionnistes; une fougue artistique qui peut déranger et ses peintures sont considérées comme trop sombres. Malgré lui, son style suscite indignation et colère alors qu’il ne désire qu’une vie rangée et calme.

Autodidacte, Cézanne travaille différentes thématiques (natures mortes, paysages, portraits ou scènes), mais il sera confronté presque systématiquement aux refus du Salon Officiel de Paris (sauf une fois en 1882) quand il y propose ses œuvres dès 1863.  Son réseau n’y changera rien; pour le Salon Officiel, il suscite toujours l’indignation.

 

Portrait de Louis-Auguste Cézanne, 1866
“Portrait de Louis-Auguste Cézanne”, 1866

 

L'Enlèvement, 1867
“L’Enlèvement”, 1867

 

Néanmoins, il ne baisse pas les bras et son père continue de subvenir à ses besoins. Là aussi, sa situation diverge par rapport à d’autres artistes qui, de leur vivant, ont connu de très longues périodes de vaches maigres avec ou sans succès à la clef (Monet, Gauguin, Vermeer, Van Gogh, …etc).

Paul Cézanne craint tout de même que son père lui coupe les vivres lorsqu’il fait la rencontre d’Hortense Fiquet en 1869. Celle-ci va devenir sa compagne et Paul Cézanne pense que son père va désavouer cette relation. Redoutant le caractère sévère de son père, l’artiste ira jusqu’à lui cacher le fait qu’il est lui-même devenu père en 1872.  Si le secret de la paternité de Paul Cézanne est éventé en 1878, ce n’est qu’en 1886, que cette situation se règle lorsque Paul Cézanne et Hortense Fiquet se marient.

Si Cézanne semblait craindre autant son père, c’est qu’effectivement ce dernier était sévère et borné. Paul Cézanne était aussi une personne d’une timidité maladive tout en étant colérique. Il semblait toujours être dans la maîtrise de soi.

En 1872, suivant les conseils de Pissarro, Paul Cézanne s’installe à Pontoise puis à Auvers-sur-Oise. Cézanne et Pissarro travailleront alors ensemble.

Cette collaboration sera très bénéfique pour les deux artistes, se rassurant ou se confortant l’un l’autre dans leurs décisions. Pendant cette décennie artistique, la palette de Cézanne s’éclaircit. Il devient plus fin, plus précis.

En 1874, Pissarro réussit à faire participer Cézanne à la première exposition impressionniste. Malheureusement, encore une fois, le travail de Cézanne est très mal reçu. Par conséquent, il refusera de participer à la deuxième édition en 1876. Un an plus tard, pour la troisième édition, il finit par y envoyer à nouveau ses travaux. Encore une fois, ses œuvres sont mal accueillies et les critiques sont toujours aussi violentes. Si au 19ème siècle, les tentatives d’innovation en peinture ont toujours provoqué des réactions plus ou moins violentes, Cézanne cristallise autour de lui les réactions les plus vives. Ces dernières ont particulièrement touché Cézanne, qui cessera toute participation aux expositions impressionnistes et prendra ses distances avec ses amis.

 

Madame Cézanne à la Jupe rayée, 1877
“Madame Cézanne à la Jupe rayée”, 1877

 

L’année 1878 est compliquée pour Cézanne et sa famille. Malgré l’argent que lui verse son père, l’artiste est en difficulté lorsque son fils tombe malade. C’est alors que le père de Paul Cézanne découvre l’existence de son petit-fils et de sa belle-fille. Il décide alors de les soutenir en augmentant son aide financière. Zola interviendra aussi en lui envoyant de l’argent. C’est à la fin de cette décennie que Cézanne finit par trouver son style et « Le pont de Maincy » est la première œuvre qui en résulte.

Bien que son père soit un personnage très dur, il fait quand même construire à son fils Paul, un atelier dès 1881.

 

Le pont de Maincy, 1879-1880
“Le pont de Maincy”, 1879-1880

 

La maturité

En 1886, Paul épouse Hortense à Aix-en-Provence le 28 avril. Son père décède quelques mois plus tard, en octobre. Ainsi, Cézanne et ses deux sœurs héritent d’une somme conséquente, les mettant à l’abri du besoin. Cette même année, il se brouille avec son ami de longue date, Zola, suite à la publication du roman « L’œuvre ».  Le peintre se serait reconnu dans le personnage de Claude Lantier, un génie, mais aussi un artiste raté, incapable de créer et qui en vient à se suicider (voir la partie « anecdotes » en fin d’article).

Même s’il a déclaré, en 1884, abandonner la « lutte pour Paris », Cézanne voit ses œuvres admises à l’Exposition Universelle de Paris en 1889. Peut-être que les différents articles publiés l’année précédente et qui parlaient de son travail ont aidé à son admission. Sans oublier son exposition en 1887 avec le groupe des XX (cercle artistique d’avant-garde fondé à Bruxelles en 1883).

 

La Montagne Sainte-Victoire vue de Bellevue, 1885
“La Montagne Sainte-Victoire vue de Bellevue”, 1885

 

Il exposera à nouveau avec ce cercle artistique en 1890. Toujours la même année, Cézanne est diagnostiqué diabétique (à l’âge de 51 ans) et il souffre de crises de rhumatismes, de céphalées et de prurit de la peau.

Lors d’un repas chez Monet en 1894, il fait la rencontre du critique d’art Gustave Geffroy, du politicien Georges Clémenceau et de l’artiste Auguste Rodin. La période de 1883 à 1895 est une période de maturité et Cézanne gagne en sérénité.

 

La reconnaissance

En 1895, le jeune marchand d’art Ambroise Vollard organise une importante exposition des œuvres de Cézanne. Jusqu’alors rejeté et peu apprécié, Cézanne semble à ce moment-là être accepté. Beaucoup, dont ses amis, découvrent l’évolution de l’artiste et il devient une référence pour les plus jeunes. C’est d’ailleurs essentiellement des jeunes artistes que vient la reconnaissance. Quelques critiques plus ouverts et de nouvelles expositions vont encore plus renforcer sa réputation. Ainsi, de nombreux artistes viendront rendre visite à Cézanne par la suite.

Sa mère meurt en 1897 et ne connaîtra pas la renommée internationale de son fils à partir de 1899. Différents musées (dont celui de Berlin) lui achètent des œuvres.

Malgré les brouilles présumées, lorsque Zola décède, Cézanne en est profondément affecté.

 

Nature morte aux pommes et aux oranges, 1890
“Nature morte aux pommes et aux oranges”, 1890

 

Le Garçon au gilet rouge, 1888-1890
“Le Garçon au gilet rouge”, 1888-1890

 

Son état de santé se dégrade, mais quoi qu’il en soit, il se fait construire un atelier dans la région d’Aix-en-Provence dans lequel il peindra jusqu’à sa mort. Il craint d’ailleurs de ne pas avoir assez de temps pour tester tout ce qu’il souhaite.  Les expositions qui lui sont dédiées continuent d’avoir lieu au fil des années (exposition de Villard, Salon des indépendants, Salon d’Automne), mais Cézanne poursuit inlassablement son travail.

Le 15 octobre 1906, alors que Cézanne peint dans la campagne, un violent orage éclate. L’artiste est alors victime d’une congestion et reste inconscient de longues heures sous la pluie. Il ne rentre chez lui que grâce à un homme qui passait par là en charrette. Durant les jours suivants, Cézanne tente de continuer son travail, mais il se sent trop fatigué. Huit jours après son malaise, il est emporté le 23 octobre 1906 par une pneumonie, à 67 ans.

Il aura à peine eu le temps de connaître le fauvisme et ratera de quelques années le cubisme ou l’abstrait.

 

Anecdotes sur Paul Cézanne

  • Amis d’enfance, Cézanne et Zola sont restés liés toute leur existence, d’une manière ou d’une autre. Certains affirment qu’ils étaient brouillés, mais d’autres personnalités, dont Henri Mitterrand, sont revenues sur la fameuse brouille entre Cézanne et Zola. Elle ne serait qu’un mythe, car des écrits postérieurs à 1886 (année de la brouille) indiqueraient que les deux artistes  continuaient d’échanger des lettres.
  • Paul Cézanne peindra 45 portraits de sa femme Hortense.
  • L’artiste ne sera véritablement reconnu qu’en 1995 et 2006 lors de deux expositions. De son vivant ou après sa mort, sa réputation et sa reconnaissance furent possibles aussi grâce aux amateurs d’art.
  • Grand observateur de la nature, Cézanne connaissait parfaitement la géologie de son pays d’Aix-en-Provence.

 

Vous avez aimé ce portrait de l’impressionniste Paul Cézanne ? Voici celui d’un autre impressionniste, Edgar Degas.

 

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